L'Unesco place les ponts de Bordeaux sous surveillance
LE MONDE | 08.07.08 | 16h24  •  Mis à jour le 08.07.08 | 16h24

a ville de Bordeaux, classée depuis un an à peine, risque-t-elle de perdre son label Unesco ? L'organisation onusienne vient de lui signifier une sérieuse mise en garde pour le réexamen de son classement en 2009. Le comité du Patrimoine mondial de l'Unesco a en effet décidé, le 5 juillet, de placer la capitale d'Aquitaine sous observation. "Nous mettons Bordeaux sous monitoring renforcé durant l'année à venir, explique au Monde Francesco Bandarin, directeur du centre du Patrimoine mondial. C'est un procédé spécifique aux villes ayant un problème."

Le premier dossier qui a alerté le comité concerne la destruction, fin décembre 2007, du pont du Pertuis, qui sera remplacé par un nouvel ouvrage. Situé dans le périmètre Unesco, c'était le dernier pont tournant à culasses de France. Selon M. Bandarin, "le comité a été franchement choqué par cette décision". "Du fait de la rouille, une simple rénovation était impossible, justifie l'ex-premier ministre et maire de la ville, Alain Juppé (UMP). Une reconstitution à l'identique aurait été nécessaire, ce qui faisait perdre tout intérêt à cette opération."

Philippe Dorthe, conseiller général PS du canton, défenseur de la rénovation, et à l'époque candidat à sa succession, considère que le maire "n'a pas souhaité que l'on sauve ce pont uniquement pour des raisons politiques. Il ne voulait pas me faire ce cadeau".

Le comité de l'Unesco a décidé la mise en place d'une mission technique, qui se penchera aussi sur l'impact visuel du futur pont levant en aval de la ville. Une infrastructure "démesurée", selon un collectif d'associations qui préférerait un tunnel (Le Monde du 16 avril 2007). "Cette question pourrait amener à la perte du statut Unesco", prévient M. Bandarin.

Un autre projet a failli s'attirer les foudres du comité : la passerelle Saint-Jean, limite symbolique, au sud de la ville, du périmètre Unesco. Réformé depuis peu, ce franchissement dont Gustave Eiffel fut chef de chantier devait être démoli. Après avoir été favorable à cette hypothèse, Alain Juppé s'y est opposé, tout en affirmant n'avoir pas les moyens, seul, de sa réhabilitation. Heureux hasard : au moment où le directeur du centre du Patrimoine mondial se trouvait à Bordeaux, l'Etat a annoncé, le 23 juin, l'instance de classement du pont au titre des monuments historiques. Avec l'Unesco en vigie : "Nous sommes dans un processus de dialogue, mais un classement engage des droits et des devoirs", lâche M. Bandarin.


Claudia Courtois

Des fortifications de Vauban au Patrimoine mondial

Le comité du Patrimoine mondial de l'Unesco a inscrit, le 7 juillet, un ensemble de douze fortifications construites par Vauban (1633-1707) sur sa liste des sites ayant "une valeur exceptionnelle universelle". Le réseau des 12 sites comprend, entre autres, la citadelle pentagonale d'Arras (Pas-de-Calais), la citadelle, l'enceinte urbaine et le fort Griffon de Besançon (Doubs), les forts de Blaye/Cussac-Fort-Médoc (Gironde), l'enceinte urbaine, les forts et le pont d'Asfeld à Briançon (Hautes-Alpes), la citadelle de Mont-Louis (Pyrénées-Orientales), la citadelle de Saint-Martin-de-Ré (Charente-Maritime). L'Unesco a souligné le "caractère international" de l'oeuvre de l'architecte puisque des fortifications inspirées de Vauban ont été construites en Afrique, en Asie, en Amérique du Nord et en Europe.



Article paru dans l'édition du 09.07.08